Quand on commence à s’intéresser aux méthodes naturelles de suivi du cycle dans un but d’éviter une grossesse, il n’est pas rare d’entendre ce genre de témoignage :
- les méthodes naturelles ça ne marche pas
- j’ai une amie qui l’a fait et elle est tombée enceinte
- j’ai eu un bébé surprise en suivant cette méthode
- il faut quand même prévenir qu’une grossesse est possible en utilisant ces méthodes
- mon médecin m’a dit que si j’utilisais cette méthode je reviendrai le voir dans 9 mois.
Vous en avez sûrement d’autres à me faire part je n’en doute pas.
Lors des présentations en groupe que j’organise tous les mois, j’ai régulièrement une femme qui me dit « je viens pour en savoir plus, mais je connais quelqu’un qui est tombée enceinte, du coup je n’ai pas confiance ».
Dans cet article, je souhaite aborder avec vous quelques points essentiels qui se cachent derrières ces petites phrases assassines.
Le but étant de vous rassurer, de mieux comprendre et pourquoi pas vous donner des arguments pour répondre à ce genre d’affirmations qui partent toutes d’une vérité : un bébé a été conçu alors que le couple ne s’y attendait pas.
« LES méthodes naturelles ne fonctionnent pas »
Variante : « la symptothermie ça ne fonctionne pas ».
De quoi parle t’on derrière LES méthodes naturelles ? En citant la symptothermie, de quelle méthode symptothermique parle t’on réellement et a t’elle été appliquée selon des règles très précises ? Ou la femme s’est t’elle observée « en écoutant son corps » pensant utiliser une méthode symptothermique ?
Au fond de quoi parle t’on vraiment ?
Seriez-vous capable de dire la pilule, le stérilet, le préservatif et le retrait ça ne fonctionnent pas ? Non, tout simplement car chaque méthode a une action différente et que chacune a un taux de fiabilité distincte.
Pour les méthodes naturelles c’est exactement la même chose. Voici un article où vous retrouverez la liste de la plupart des méthodes naturelles et bientôt un autre pour comprendre leurs fiabilités.
Par conséquent lorsqu’on me dit : « je connais quelqu’un qui est tombée enceinte » ma première réaction est de questionner :
- « ok c’est possible, j’aimerais creuser un peu plus. Quelle méthode cette personne a t’elle utilisée exactement ? »
La plupart du temps, je n’obtiens pas de réponses et pourtant une partie d’explication au « pourquoi ça n’a pas marché » se trouve bien dans cet échange.
Aucune contraception n’est fiable à 100%
La vérité, avouons-le : c’est qu’aucune méthode de contraception n’est fiable à 100%, au moins c’est dit !
Même la pilule, l’implant, la ligature des trompes ou la vasectomie ont des taux d’échec. Seule l’abstinence procure une contraception fiable à 100%.
En utilisation courante, la pilule a un taux d’échec de 2,4 à 9 % contre 0,4 à 2% pour la méthode symptothermique.
Pourtant, lorsque la pilule ne fait pas son travail, on a des raisons pour incriminer la femme : des oublis, des maladies, un mauvais dosage….
Pour les méthodes naturelles, c’est forcément la méthode qui est responsable, on ne remet quasi jamais en cause l’utilisation du couple ou sa formation.
Par ailleurs, le taux d’échec de la pilule est une norme bien acceptée. Lorsqu’il y a un accident, c’est évident que ça fait partie du taux d’échec.
Par contre, il faudrait à l’inverse qu’une méthode naturelle fonctionne sans marge d’erreurs ? Pourquoi les taux d’échecs des méthodes naturelles pourtant plus faibles que ceux de la pilule ne sont pas pris à leur juste valeur ?
Est-ce vraiment une logique raisonnable ?
En partant de ce constat, il me semble donc nécessaire de faire la part des choses et de donner une information fiable et neutre qui permet à chaque couple de faire son choix.
Aucune méthode ne fonctionne vraiment sans une formation appropriée
Toutes les études de fiabilité ont été réalisées sur des couples formés. Je ne dis pas qu’il est impossible de se former seuls, par contre ce qui est certain c’est que ces méthodes demandent un temps d’apprentissage de plusieurs mois.
Nous sommes toutes plus ou moins connectées à nos sensations.
Du coup, rien que l’apprentissage des signaux de son corps peut prendre du temps et bien sûr le timing sera différent d’une personne à une autre.
Ensuite les méthodes d’observation du cycle sont basées sur des règles scientifiquement prouvées qui ne s’improvisent pas. Il est donc nécessaire de les comprendre, de les appliquer et de s’entrainer avant de les maîtriser.
Avez-vous appris à faire du vélo du jour au lendemain ? Utiliser une méthode d’observation du cycle est une compétence qui demande aussi un peu de pratique.
Quand on me dit que quelqu’un est tombée enceinte avec la méthode symptothermique (et que le couple utilisait en effet la méthode symptothermique), je demande alors s’ils se sont formés.
La réponse est souvent non.
A cela s’ajoutent les conséquences de la prise d’hormones, des perturbateurs endocriniens ou du mode de vie qui peuvent rendre les cycles difficiles à lire et à interpréter.
Dans ces situations, la présence d’une formatrice est rassurante et nécessaire pour assurer la contraception.
Gérer sa contraception en conscience
Contrairement à tout autre méthode ou moyen de contraception, le couple a conscience de sa fertilité ou non. Il prend donc une décision à chaque rapport sexuel.
A moins de ne pas être formé, de nier l’évidence pour diverses raisons, d’avoir trop confiance en soi et de commencer à moins appliquer la méthode, la possibilité de tomber enceinte est extrêmement faible : < 0,6% et 2 %.
Le couple apprend le fonctionnement du cycle ovarien et apprend à déterminer les périodes de fertilité :
- première partie : potentiellement fertile : je sais que c’est possible mais la possibilité d’une grossesse est faible
- deuxième partie : fertilité certaine : je sais que je peux tomber enceinte
- troisième partie : je suis sûre que je ne peux pas tomber enceinte
- mon cycle n’est pas interprétable, je peux tomber enceinte vu que je ne sais pas à quel moment du cycle je suis.
Les rapports sexuels sont donc faits en conscience en fonction de la période du cycle :
Jusqu’à maintenant, je n’ai pas encore rencontrée un couple formé qui ait réellement été surpris par une grossesse.
Une méthode barrière (préservatif) qui ne fonctionne pas
Le couple apprend donc à connaitre ses périodes de fertilité, ensuite il lui reste à définir le comportement qu’il adoptera pendant cette période.
Il faut garder en tête qu’un couple qui utilise un préservatif en période fertile basculera sur la fiabilité du préservatif. Une fois encore ce n’est pas la méthode qui est en cause d’un échec, mais un défaut ou une mauvaise utilisation.
Par contre, une étude a montré que les couples qui utilisent la méthode symptothermique et qui ont des rapports protégés avec des moyens barrières ont moins d’échec que les couples qui utilisent ces moyens barrières sans connaissance du cycle.
Le couple ayant conscience de la possibilité d’une grossesse a tendance à être beaucoup plus vigilant.
De plus, il est possible de coupler les méthodes en période de grande fertilité (2-3 jours dans le cycle) : préservatif + retrait / préservatif + diaphragme / diaphragme + retrait.
Le couple : à la base d’une conception
Nous sommes fertiles à deux. Une méthode d’observation du cycle ne peut éviter une grossesse que si le couple adopte un comportement sexuel adapté à son objectif.
Il est donc nécessaire que chacun soit au clair avec ses envies et surtout celles de l’autre.
- Avoir un enfant à l’heure actuelle n’est juste pas envisageable
- si ça devait arriver on l’accepterait avec plaisir
- on l’envisage mais pas tout de suite
- …
Face à ce choix en conscience de nombreux cas de figure peuvent apparaitre.
Si la femme est seule à gérer ses observations et qu’elle a un désir d’enfant plus ou moins conscient, elle peut se persuader que ses observations sont bonnes alors que ce n’est pas le cas. Ce n’est pas un échec de la méthode mais bien de son utilisation.
Il est aussi possible qu’un couple préfère se laisser aller au moment charnel en omettant de se protéger tout en ayant conscience que la période est à risque.
Ou tout simplement, un couple qui fait le choix d’utiliser quelques jours de plus potentiellement fertiles en se disant « ça devrait passer ».
Dans des cas extrêmes, il est possible que l’homme refuse de s’abstenir ou de mettre une protection en période fertile. Une fois encore une grossesse ne sera donc pas un échec de la méthode mais bien du comportement du couple.
En mettant le couple face à des situations concrètes, il peut arriver que l’utilisation d’une méthode naturelle fasse remonter des problématiques dans le couple qui étaient sous-jacentes.
Un exemple n’est pas une preuve en soi
Un exemple ne suffit pas. Partageriez-vous l’information de la même manière si on parlait d’une grossesse sous pilule ?
Imaginez la scène entre deux femmes :
- oh je ne t’ai pas dit, je sors de chez le gynéco, on a arrêté les préservatifs, je prends la pilule maintenant !
- ah ouai ? moi à ta place, je ferais attention, j’ai une amie qui est tombée enceinte sous pilule, ça marche pas ce truc.
Oui des femmes tombent enceintes sous pilule, c’est une réalité. Pourtant ces exceptions n’empêchent pas les femmes de continuer à prendre la pilule.
De plus la situation d’un couple peut ne pas du tout être révélateur d’un autre couple. Chacun a des objectifs et des désirs différents.
Certains choisiront l’abstinence en période fertile et n’auront des rapports qu’en période post-ovulatoire en se rapprocheront du risque 0.
D’autres choisiront d’utiliser des préservatifs ou un diaphragme en connaissant le taux de fiabilité de chaque méthode barrière.
D’autres encore pourront envisager ces rapports en se disant « on accepte ce qui vient ».
Mon médecin m’a dit « je vous revois dans 9 mois »
Je pourrais écrire un article entier sur pourquoi les médecins ne soutiennent pas ce choix des méthodes naturelles. D’ailleurs je le ferai ! C’est passionnant.
En attendant, pour résumé, les médecins sont la plupart du temps mal informés voire pas du tout formés. Ils pensent pourtant en toute bonne foi que votre choix n’est pas fiable.
Pour contrer cette désinformation, voici une lettre de plusieurs professionnels de santé qui se réunissent pour faire passer une information plus fiable. Et pour celles et ceux qui lisent en anglais, vous pourrez trouver sur le site de factsaboutfertility, des documents adressés aux professionnels de santé.
Alors maintenant comment réagiras-tu face au « non mais c’est pas fiable cette méthode » ?
As-tu des arguments à rajouter ?
Des commentaires ?
Je serai ravie de les lire.
0 commentaire