Avant même d’entrer dans les détails de la fiabilité, voici une rapide explication de ce qu’est la symptothermie.
C’est une méthode d’observation du cycle féminin basée sur les indicateurs de fertilité (glaire cervicale / ressenti / température / col de l’utérus). Elle ne fait aucun calcul, ni statistique et elle permet de déterminer au jour le jour les périodes fertiles et infertiles de la femme avec une grande précision.
Elle n’est pas la méthode Ogino ou la méthode des températures.
Les débats sur la fiabilité des méthodes de contraception naturelles dont la symptothermie sont encore loin d’être terminés et pour cause.
Les études scientifiques ne sont pas nombreuses et les résultats diffèrent en fonction de la manière dont l’étude a été menée et des différentes méthodes évaluées.
Ces informations souvent mélangées et parfois même erronées sont transmises au grand public par le biais d’organismes et de représentants officiels comme l’OMS, le site de l’agence nationale de la santé publique choisir sa contraception ou mêmes les médecins et les gynécologues.
Dans cet article, je me focaliserai sur la fiabilité des méthodes dites symptothermiques appelées aussi sympto-thermiques ou plus simplement symptothermie.
Pour mieux comprendre la fiabilité d’une méthode de contraception, il faut déjà comprendre comment elle est calculée.
Le taux de fiabilité = l’indice de Pearl
L’indice de Pearl c’est le nombre de femmes qui sont tombées enceintes sur 100 femmes pendant 1 an.
Il est donc annoncé en taux d’échec ou taux de fiabilité.
« À titre d’exemple, un indice de Pearl de 2 signifie que 2 femmes sur 100 utilisant la méthode contraceptive analysée pendant un an ont été enceintes dans l’année. » On aura donc un taux de fiabilité de 98.
Chaque méthode de contraception a deux indices de Pearl :
- taux de fiabilité théorique
- taux de fiabilité pratique
Les différents types de fiabilité
Efficacité théorique :
C’est l’efficacité de la méthode lorsqu’elle est correctement utilisée et de manière cohérente, à chaque fois.
Les taux d’efficacité d’utilisation parfaite sont calculés dans les essais cliniques. Ce sont des études scientifiques qui suivent les participants en temps réel (ou presque).
La nature hautement contrôlée des essais cliniques signifie que les taux d’efficacité d’utilisation parfaite sont aussi précis que possible et reflètent le meilleur des scénarios.
Efficacité pratique :
C’est la façon dont la méthode fonctionne dans le monde réel où des erreurs et des négligences se produisent.
Bien que les taux d’utilisation typiques puissent être calculés à partir d’essais cliniques, les scientifiques préfèrent les calculer à partir d’enquêtes avec des populations de grande envergure qui reflète plus fidèlement un scénario réel.
Exemple
Si une femme prend la pilule chaque jour sans jamais manquer un jour et toujours sans faute au même moment, la pilule a une fiabilité de 99,7 (ce qui correspond environ à moins d’une femme enceinte sur 100 sur un an d’utilisation)
Si un femme prend la pilule de manière cohérente, mais qu’elle l’oublie une journée ici ou là ou qu’elle l’a prend plus tard que prévu, la fiabilité sera alors de 91 à 93 (c’est à dire 8 à 9 femmes sur 100 qui tombent enceintes pendant 1 an)
C’est la différence entre une utilisation parfaite et une utilisation typique.
Les méthodes contraceptives impliquant une démarche active de l’utilisateur ou de l’utilisatrice ont des taux d’échec d’utilisation pratique plus élevés.
Ceci est dû au fait qu’il y a davantage de possibilités d’erreurs de la part de l’utilisateur. On y trouve les méthodes contraceptives telles que les préservatifs, le retrait, les diaphragmes, la pilule et les Méthodes d’Observation du Cycle (MOC).
Les méthodes contraceptives demandant peu d’implication de la part de l’utilisateur ou de l’utilisatrice ont généralement un taux d’échec typique plus faible.
Par exemple, les DIU hormonaux ont une utilisation parfaite et des taux d’échec typiques, identiques. En effet, une fois que le stérilet est installé, la personne n’a rien à faire pour s’assurer de son efficacité.
Les différents types de méthodes symptothermiques
Il faut savoir qu’il existe différents types de méthode symptothermiques, rien qu’en France, il y en a quatre principalement enseignées (Sensiplan – Symptotherm , CLER et les indices combinés).
On rajoute la méthode du Pr Rotzer et les autres méthodes enseignées davantage à l’étranger (Serena, TCOYF …).
Qu’est-ce qui les différencie ?
L’ouverture de la période fertile :
- certaines méthodes ont un simple contrôle basé sur l’observation de la glaire et du ressenti
- d’autres utilisent un double contrôle : une méthode de calcul basée sur tous les précédents cycles toujours associée à l’observation de la glaire / ressenti. Cela augmente la fiabilité.
La fermeture de la période fertile :
Il faudrait vraiment entrer dans le détail de chaque méthode, mais globalement cela dépend de la manière dont sont déterminés :
- le plateau bas de température avant la montée
- les températures hautes en fonction du changement de la glaire cervicale.
Quelle est l’efficacité de la symptothermie ?
Pour comprendre la fiabilité de la méthode symptothermique, il existe différentes études.
Le tableau ci-dessous résume 4 études.
Les meilleures données disponibles sur la méthode symptothermique proviennent de la première étude : un essai clinique de longue durée avec des résultats publiés par des chercheurs allemands en 2007 avec une méthode double contrôle pour l’ouverture de la fenêtre de fertilité.
L’étude a suivi 900 femmes pendant 17 638 cycles menstruels en 20 ans.
Les femmes travaillaient en collaboration avec des instructeurs Sensiplan®.
Selon cette étude, la fiabilité est de
- 98,2 global (en comptant les rapports non protégés en période fertile)
- 99,6 avec abstinence en période fertile
- 99,4 en utilisant des moyens barrières en période fertile
Les quatre études montrent des fiabilités théoriques fortes avec 3 types de méthodes symptothermiques (Sensiplan® /double contrôle / CLER).
Les taux de fiabilité pratique sont plus variables, entre 100 et 93,3 de réussite et comprennent des rapports non protégés en conscience en période fertile.
Si on étudie de plus près, la fiabilité la plus faible (soit 93,3), on note que c’est avec une méthode à simple contrôle pour l’ouverture de fertilité et que la population étudiée avait le souhait d’espacer les naissances et non de les empêcher complètemnet.
Alors en pratique : allons plus loin
La fiabilité théorique de la symptothermie en tant que contraception naturelle avec abstinence ou avec des rapports protégés n’est plus à démontrer.
Il est donc sérieux d’annoncer ces taux de fiabilité théorique à partir du moment où le couple est formé et accompagné.
Il faut pourtant encore rester vigilant en annonçant le taux de fiabilité pratique de manière plus général.
Il n’y a pas encore d’essais à grande échelle pour faire une étude d’usage pratique comprenant entre autres les couples formés en autodidacte.
A partir de quand considérons-nous qu’il y a eu un défaut d’utilisation de la méthode ?
- Quand une personne utilise un préservatif alors que la méthode préconise l’abstinence ?
- Quand une personne oublie de noter ses informations ?
- Quand un couple ou la femme se trompent dans l’interprétation de leurs données ?
- Quand le couple ou la femme n’a pas pris une formation et pensent maitriser la méthode alors que ce n’est pas le cas ?
- Quand un rapport non protégé a lieu pendant une période fertile en pleine conscience ?
- Quand le couple n’a pas une volonté claire d’empêcher une naissance ?
Toutes ces questions sont légitimes et peuvent en effet être considérées comme des critères pour considérer qu’il y a eu une erreur dans l’utilisation de la méthode.
Ce qui explique que la fiabilité soit autant reliée à la formation et au couple.
Dans toutes ces études, tous les couples étaient formés en groupe ou en individuel et avaient du matériel pédagogique à leurs dispositions ainsi que des instructrices/monitrices/ conseillères pour répondre à leurs questions.
Pour aller plus loin, je t’invite à lire cet article : « ça ne marche pas, une amie est tombée enceinte avec cette méthode naturelle » qui évoque quelques réflexions sur le pourquoi des échecs des méthodes de contraception naturelle comme la symptothermie.
Fiabilité de la symptothermie par rapport à d’autres méthodes
On l’a vu précédemment, si on reste sur la fiabilité théorique, la symptothermie a une fiabilité équivalente à la pilule voire au stérilet.
Elle est même supérieure à la fiabilité du préservatif (98%)
Avec les chiffres actuels, en terme de fiabilité pratique, la symptothermie peut-être plus fiable que toutes les autres méthodes d’observation du cycle, le retrait, le diaphragme, le préservatif et même la pilule.
Seules les contraceptions, comme la vasectomie, la stérilisation féminine, l’implant et les stérilets restent plus fiables.
Pourquoi ces taux de fiabilité sont-ils si peu annoncés et remis en cause ?
Si les taux de fiabilité sont aussi bons, comment cela se fait-il qu’on en parle pas plus aujourd’hui ? C’est une vraie question.
En 2011, une étude a été réalisée pour estimer le taux d’échec pratique des méthodes naturelles.
Dans cette étude, des méthodes plus anciennes et peu techniques comme la méthode Ogino ont été mises dans le même panier que la méthode symptothermique.
En réalité, 86% des personnes que l’étude a identifiées comme utilisatrices d’une Méthode d’Observation du Cycle (MOC) ont déclaré avoir utilisé la méthode Ogino.
Une méthode beaucoup plus ancienne, mise au point dans les années 1930 et qui est reconnue pour avoir une fiabilité contraceptive très faible (taux d’échec de 24% environ).
Il est donc ressorti de cette étude que les soi-disant MOC avaient un taux d’échec pratique de 24% et donc une fiabilité de 85%.
Concrètement, la stratégie globale d’évaluation de la fiabilité dans cette étude a été considérablement faussée.
C’est comme si on annonçait que le préservatif, la pilule, l’implant et la ligature ensemble ont x % d’échec… ça n’aurait aucun sens.
C’est pour cette raison qu’il y a eu récemment (mai 2019) une mise à jour, les CDC (Center for disease control = centre pour le contrôle des maladies) ont enfin modifié cette information.
« Une nouvelle étude a été complétée et est maintenant citée dans le rapport de la CDC.
Elle a examiné 53 études antérieures qui mesuraient les taux de grossesse chez les femmes utilisant les MOC et les classaient selon un ensemble de normes de qualité.
Certaines de ces normes sont similaires ou identiques à celles utilisées dans le journal de recherche de l’organisation FACTS publié en 2013.
Dans cette étude, les chercheurs ont trouvé au moins une étude de haute qualité pour chaque méthode avec des taux de fiabilité allant de 86% à 98% .
Dans l’ensemble, ces examens ont donné à la CDC l’assurance qu’il y avait suffisamment de preuves pour affirmer que tous les MOC ne sont pas égales ».
Ce que je retiens et ce que j’aimerais transmettre
Il y a encore beaucoup de confusion dans les différentes méthodes dites naturelles et encore même parmi les MOC.
Cependant, les scientifiques commencent à s’y intéresser, la technologie aussi et de plus en plus de professionnels citent des sources fiables.
Les choses bougent.
Ce qu’il faut retenir, c’est que la symptothermie :
- n’est pas la veille méthode Ogino et peut montrer un taux de fiabilité très haut jusqu’à 99,6 en théorie et 98,2 en pratique.
- ne s’improvise pas, pour avoir cette fiabilité il faut se former.
A partir de là ?
Je pense que cela va dépendre de chaque personne, de chaque couple et de leur acceptation d’une grossesse.
Quel « risque » sont-ils prêts à accepter ?
Quel choix d’apprentissage vont-ils faire ?
Quelle sexualité vont-ils adopter pendant leurs périodes fertiles?
Si l’objectif est un risque proche de zéro :
- la formation est indispensable
- la discussion et l’accord des 2 partenaires est nécessaire
- comprendre l’intérêt de la méthode dans le couple est primordial
- y mettre du sens ! je le dis à chaque fois, mais pour avoir une telle fiabilité, il est nécessaire de comprendre comment faire ET pourquoi on le fait
J’ai fait au mieux pour simplifier les études scientifiques et te donner une idée de tout ce qui se cache derrière ces chiffres parfois imbuvables.
Après avoir lu l’article, que penses-tu de l’efficacité de la méthode ?
Penses-tu pouvoir l’utiliser dans ton quotidien ?
Liens des articles scientifiques cités dans l’article et résumés dans le tableau :
– The effectiveness of a fertility awareness based method to avoid pregnancy in relation to a couple’s sexual behaviour during the fertile time: a prospective longitudinal study
– Natural family planning with and without barrier method use in the fertile phase: efficacy in relation to sexual behavior: a German prospective long-term study
– Etude prospective d’efficacité d’une méthode sympto-thermique récente deplanning familial naturel
– Analyse des échecs de la planification familiale naturelle
– Rapport de la HAS
3 commentaires
Pauline · 10 juin 2020 à 15 h 59 min
hey merci pour cet article super clair et complet 🙂 ça éclaire beaucoup !
Thomas · 29 juillet 2020 à 10 h 35 min
Bonjour,
merci beaucoup pour ses lumières. je recherche désespérément une alternative aux hormones et au stérilet. Vu que je ne supporte ni l’un ni l’autre. Et que je ne suis pas prête à infliger à mon corps des hormones pendant des années. Comment trouver des professionnels qualifiés dans la symptothermie ?
Merci et bonne journée.
Aline · 29 juillet 2020 à 10 h 56 min
Bonjour, je t’invite à m’envoyer un message pour profiter d’un appel de 30 minutes offertes pour me présenter et poser toutes tes questions.
Je suis personnellement formée à 2 méthodes symptothermiques, ainsi qu’à la restauration de la fertilité et à la méthode Billings.
On peut échanger davantage voir si tu as envie d’avancer avec moi.
aline.mainix@gmail.com
Au plaisir de te lire
Belle journée
Aline